Carnet de route

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D’Etretat à Merlimont


  • publié le 7 mars 2020
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Bien que la photo de la Une nous emmène déjà plus loin, là où les falaises d’albâtre sont les plus hautes, nous souhaitions avant de quitter Etretat et de franchir le pont de Tancarville comme vous l’avez déjà vu lors du dernier article aller visiter Le Havre.

Arrivés dans la ville en longeant la côte, notre première vision est cette œuvre d’art de Vincent Ganivet, la catène de containers. Monté provisoirement pour fêter les 500 ans de la ville, l’œuvre est toujours en place !

En effet, fondée par François 1er le 8 octobre 1517, la ville de par sa situation stratégique à l’embouchure de la Seine, connait une expansion à partir du XVIIIème où le port militaire décline au profit du commerce maritime.

La révolution industrielle et le trafic des matières premières enrichissent considérablement la ville jusqu’à la 1ère guerre mondiale. Cette station balnéaire dont le front de mer s’urbanise et dont le port accueille les grands transatlantiques vers New York, fut l’une des villes les plus sinistrées d’Europe lors de la 2ème guerre mondiale.

Sa reconstruction fut confiée à l’architecte Auguste Perret…

…dont l’atelier regroupant une centaine d’architectes feront du Havre un véritable laboratoire urbain, unique en son genre par une étendue exceptionnelle (133 hectares à reconstruire !), des procédés urbanistiques avant-gardistes…

…une cohérence constructive (que l’on a retrouvé tout au long de notre balade) et des techniques nouvelles de préfabrication avec comme matériau principal le béton armé. 20 000 logements furent détruits à la suite de multiples bombardements, Perret en reconstruisit 10 000 dans le centre-ville, toujours érigés selon le même principe avec un traitement original du béton lui conférant des tons différents en fonction de la luminosité…

mais surtout des intérieurs avec des espaces modulables, des cuisines ouvertes, des rangements intégrés et des pièces à vivre lumineuses.

L’église Saint Joseph et sa flèche qui culmine à 107 m est considérée comme le chef d’œuvre architectural d’Auguste Perret et est inscrite aux monuments historiques en 1965, soit moins de 10 ans après son achèvement !

Détail de construction…

Cette fois-ci la Normandie c’est presque fini, car nous voici posés au Tréport, village le plus à l’Est du département et le pont traversé, nous nous retrouvons dans les hauts de France là où commence le département de la Somme.

Ici comme tout au long de la côte les plages sont composées de galets. Leur formation et leur migration méritent qu’on s’y arrête un peu.

Les silex, emprisonnés dans les falaises crayeuses, sont libérés par l’érosion qu’elle soit marine, continentale ou mécanique. Ce seront d’abord des « rognons de silex » qui roulés par la mer, deviendront galets. Ensuite, un courant sous marin appelé dérive littorale, agit tel un tapis roulant, en parallèle du rivage, du sud au nord qui fait migrer les galets d’un à quatre km par an. C’est pourquoi on trouve tout au long de la côte ces digues perpendiculaires à la mer que vous voyez sur la photo et qu’on appelle casiers. Chaque année il faut les recharger afin de maintenir une protection efficace contre l’érosion d’où la pelleteuse et le camion sur la photo. CQFD !!

Au fond Le Tréport.

Ayant traversé la Bresle, nous voici devant le village de Mers les Bains et au fond l’une des falaises les plus hautes de France culminant à 107 m !

Le village possède sur le front de mer un quartier balnéaire classé qui comprend de très nombreuses villas issues de la belle époque (fin XIXème – 1914) issue de la mode des bains de mer.

Ces villas à l’architecture balnéaire ont de nombreuses influences flamandes, anglaise ou art nouveau…

…on remarque aussi que cette architecture est toute en verticalité afin de satisfaire les riches propriétaires, avec des maisons peu larges mais hautes…

…avec ses balcons ouvragés et ses bow-windows (soit fenêtres en saillie).

En face le Tréport dont la vocation de station balnéaire date de Louis-Philippe qui inaugure ici la mode des bains de mer. L’histoire de la ville retient que c’est François 1er qui décida de la construction du port autour duquel la ville s’établit et c’est tout !!

Au début du XXème siècle et la mise en service d’une ligne directe Paris- Le Tréport, la ville voit un nombre conséquent de parisiens débarquer de la capitale dont certains intéressés par l’acquisition de maisons. Cependant, la ville ne possédant que peu de littoral, 400 m de front de mer, l’idée de construire des villas sur les falaises apparait comme une évidence.

La possibilité de monter sur ces falaises grâce aux 365 marches était un frein au développement pour des citadins parisiens peu habitués aux efforts aussi une autre idée a vite germé !

La seule solution pour faire face au fort dénivelé s’est avéré être un funiculaire qui est inauguré en 1907 après 18 mois de travaux…

Cependant le développement des « terrasses » avec un grand complexe hôtelier ne voit pas le jour à cause de la 1ère guerre mondiale et la 2nde l’arrête définitivement, tout est alors démonté.

Un projet municipal en 1990 pour désengorger le stationnement en centre-ville remet en service le funiculaire sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.

Nous voici plus à l’est encore au petit village d’Ault qui présente la particularité d’être au commencement, ou à la fin en fonction, des falaises crayeuses qu’on trouvera jusqu’au cap Antifer à l’ouest d’Etretat !

Au pied des falaises un impressionnant et récent éboulement ! D’ou les constantes recommandations de ne pas circuler au pied des falaises !!!

Situé en contrebas d’une immense digue de plusieurs km voici le hâble d’Ault qui marque vraiment la séparation entre les falaises et la baie de Somme

En revenant petite balade bien venteuse sur les falaises !!

Et ça c’est quoi ??

Appelé localement carcahoux, il s’agit d’une hutte traditionnelle de bucherons typique de la forêt d’Eu. Il servait d’abri le temps d’une coupe et était ensuite abandonné sur place.

Nous déplaçons Sacado de quelques km pour nous installer à la pointe du Hourdel sur la côte sud de la baie de Somme…

…où nous serons rejoints pour 2 jours par Elsa et Sylvain pour espérer voir de nos propres yeux ce qui fait tant la renommée de la baie…

Bien évidemment la photo précédente en dit déjà long mais il faut savoir qu’ils ne sont visibles que 3 heures avant la marée basse jusqu’à 2 heures après, mais qu’est-ce donc ??

Alors marchons…

Et là au fond à droite vous les voyez

Encore trop loin, non !!

Et pourtant ils sont là, avachis sur les bancs de sable…

…une colonie d’environ 200 phoques ont, depuis quelques années déjà, établi leur camp de base sur la baie.

Ces bancs de sable qu’on appelle pour eux des reposoirs, sont très importants car ce moment où ils ne nagent pas leur permet de se régénérer.

En effet, à marée haute ils nagent sans cesse pour trouver leur nourriture de 3 à 5 kg par jour parcourant jusqu’à 60 km et parfois beaucoup plus pour certains.

2 espèces différentes se côtoient sans souci, le phoque veau-marin et à peine plus grand le phoque gris.

Il paraît même que le phoque peut dormir dans l’eau en faisant la bouteille !

Curieux de nature, ils peuvent s’approcher quand ils sont en mer d’embarcation par contre se sentant vulnérables sur terre, ils ne s’approchent pas trop des humains laissant souvent un bras de mer entre eux et nous.

Mais nous serons extrêmement chanceux, les guides locaux disent de ne pas s’en approcher à plus de 300 m..

…2 phoques décideront de se reposer à moins de 30 mètres de nous, de l’autre côté d’un bras de mer donc en tout sécurité et pour notre plus grand plaisir alors maintenant c’est à vous d’en profiter !!

Et on aura même droit au petit clin d’œil malicieux !

De l’autre côté de la baie et que l’on peut rejoindre à pied en traversant, le Crotoy.

Plus proche de nous, nous partons visiter Saint Valéry sur Somme et sa cité médiévale !

Une partie de la baie à marée basse, sous les quelques flocons de neige fraiche !

La ville médiévale située en hauteur se franchit d’un côté par la porte Jeanne d’arc où la légende dit qu’elle y fut détenue en attendant son procès à Rouen…

Et de l’autre côté par les tours Guillaume qui porte son nom car c’est d’ici que le conquérant embarqua pour aller livrer bataille en Angleterre comme on vous l’a raconté lors d’un précédent article !

Les jours suivants nous retournerons sur la baie à marée basse et ne serons pas aussi chanceux car les phoques seront bien loin mais tant pis c’est quand même que du bonheur !

Ruelle typique dans le quartier des marins à Saint Valéry…

Encore un bateau bien particulier, un crevettier !

Maison de famille picarde transformée en hôtel !

Et voilà, s’en est fini de la baie de Somme, nous rentrons dans la côte d’Opale et comme prochaine étape la visite du Touquet. Nous trouvons une aire située en bordure d’un bel espace dunaire que nous ne tardons pas d’aller découvrir !

Afin de limiter l’action érosive des humains, tout l’espace est protégé…

…et de chaque côté pour herboriser moutons et mouflons…

Ces pelouses dunaires qui étaient autrefois entretenues par les lapins de Garenne sont aujourd’hui protégées car beaucoup trop sensibles au piétinement.

Ceci est une panne dunaire. Le vent, en tourbillonnant creuse la dune jusqu’à la nappe phréatique. Du coup, le sable humide n’est plus emporté et une petite zone marécageuse se forme, hébergeant de nombreuses espèces animales et végétales.

Belle perspective non ?

Tiens donc des chars à voile. Pas étonnant avec ces immenses plages et ce vent constant…

…et si on se le tentait ??

Renseignements pris ce sera pour demain et en attendant petite visite au Touquet !

L’histoire de la ville est très récente puisque le nom même n’apparait qu’en 1758. Alors que le coin n’était que bois appartenant à l’état, un notaire, Alphonse Daloz les achète en 1837 et crée en 1882 les 1ers lotissements qu’il appelle Paris-plage et dont la ville l’accolera à son nom.

Le Touquet-Paris Plage est consacrée commune en 1912 et l’hôtel de ville que voici est bâti en 1929

Construit en matériaux locaux, son beffroi culmine à 38 m !

Plus loin le marché couvert, construit entre 1931 et 1933, de style néo-régionaliste…

…est en forme de demi-cercle et inscrit aux monuments historiques en 1996.

Nous nous dirigeons vers la baie de Canche…

…belle surprise que de découvrir encore quelques phoques !

La position que ce phoque adopte s’appelle la banane et lui sert à rester le plus longtemps sec !

Paris –plage quand même !!

Bien que construit assez loin de la plage, ce sémaphore bâti en 1839 aura la particularité que ce sont ses gardiens qui donnèrent à la ville sa devise : fiat lux, fiats urbs, soit en quelque sorte « on fit la lumière, on fit la ville »

Et nous voilà essayant le char à voile. Pour une première avec un vent modéré ce fut un grand moment de plaisir ou chacun d’entre nous a pu se faire plaisir, rouler vite ou pas, faire des virages serrés ou de belles courbes…

…a recommander fortement !

 

Petit à petit nous arrivons au bout de notre périple côtier et bientôt nous allons nous enfoncer dans les terres pour une fin de voyage qui nous emmènera…

La suite au prochain épisode pardi !!

 

 

 

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